Elle s’appelle Alice.

Elle sera majeure dans exactement 14 jours, 7 heures et 15 minutes.

Elle compte le temps...

Le temps qui la sépare encore de ce qu’elle croit être le symbole de sa liberté bientôt acquise.

Ce temps si court, si fugace, vole comme une trainée de poussières balayées par le vent. Innocente, la tête pleine de rêves et d'espoirs. Elle est dupe et si naïve. Rêve de liberté, de grand air et de renouveau.

Si nombreuses dans son cas, si jeunes et candides.

Des millions d'autres jeunes Alices, innocentes et chastes. Telles un champ de fleures qui tendraient leurs pétales vers le ciel. Ce soleil pourtant si éloigné et à la fois si proche. Elles y rêvent toutes, elles y pensent toutes, une fois les yeux fermés. Dans leurs rêves, leurs fantasmes.

Elles le voient, lumineux, sublime, envoutant…

Séoul, notre wonderland, notre pays aux merveilles. Une promesse d'avenir meilleur, un leurre de bonheur, de joie et de richesse. Tel des abeilles attirées par le miel, elles y convergent toutes rêveuses et envoutées.

Naïve Alice...

Ne t'a-t-on pourtant jamais dis que cette main qui te tendait sucreries et douceurs, n'était pas toujours aussi bienveillante qu'elle semblait bien vouloir l'être?

Candidement tombé entre mes fils, j'ai tissé la toile d'un monde illusoire et superficiel. Mené selon mes uniques règles et mes propres lois. Un règne tyrannique, sans la moindre dose de diplomatie.

Chaotique, illogique et insensé t'entendrais-je murmuré?

Pourtant, tu dois l'être tout autant que nous, puisque tes pas ton guidé jusqu'ici, ne crois-tu pas? Nie, nie ma douce Alice...

Mais tu t'en rendras compte bien assez tôt...

Ici, la seule logique qui règne, c’est la mienne.

Il faudrait d'ailleurs mieux te faire à l’idée tout de suite, si tu veux garder cette si jolie tête qu’est la tienne sur tes épaules.

Après tout, un malheur est si vite arrivé ici bas...

Bienvenue à Séoul, ma douce Alice... Ou devrais je plutôt dire;

Bienvenue parmi les fous!